Paule Gonzalès, Le Figaro

« CE N’EST pas anti­cons­ti­tu­tion­nel, mais c’est un abus de pou­voir. » Philippe Bas, le pré­sident de la com­mis­sion des lois du Sénat né déco­lère pas de voir la loi sur la col­lé­gia­li­té de l’instruction abro­gée sans concer­ta­tion ni dis­cus­sion, au gré d’une lec­ture sou­daine à l’Assemblée natio­nale. La sup­pres­sion de ce texte de 2007, certes appli­cable au 1er javier 2017 mais voté dans le sillage de l’affaire d’Outreau, scan­da­lise l’ensemble des magis­trats. Tous rap­pellent com­bien le poli­tique a repro­ché au juge d’instruction son dan­ge­reux et splen­dide iso­le­ment et appe­lé à un plus grand encadrement.

Raisonnables, les magis­trats, quelles que soient les orga­ni­sa­tions pro­fes­sion­nelles, sont tous favo­rables à une col­lé­gia­li­té même par­tielle et né concer­nant que les actes les plus impor­tants. « Cela né néces­si­te­rait pas 300 magis­trats sup­plé­men­taires, jure Pascal Gastineau, pré­sident de l’ Association fran­çaise des magis­trats ins­truc­teurs, qui estime qu’avec ce nou­veau texte impo­sé façon « Blitzkrieg » par le gou­ver­ne­ment, « la loi « jus­tice du XXIe siècle com­ment par une régres­sion. Il existe la cosai­sine, mais elle est inef­fi­cace, alors que la col­lé­gia­li­té impose réel­le­ment de tra­vailler ensemble ».

De son côté, la juge Isabelle Rich-Flament affirme qu’ « en matière de lutte anti-terrorisme et de cri­mi­na­li­té orga­ni­sée, affai­blir le juge d’instruction, c’est tout sim­ple­ment désar­mer l’arsenal répres­sif de la France ». « Nous sommes dans le para­doxe total », s’insurge de son côté Céline Parisot, secré­taire géné­rale de l’USM, audi­tion­née mer­cre­di par la com­mis­sion des lois du Sénat. « D’un côté, le légis­la­teur flanque le juge d’instruction du contrôle crois­sant du juge de la liber­té et de la déten­tion, et de l’autre, il abo­lit la col­lé­gia­li­té qui aurait pu l’encadrer », conclut-elle.